à s’arrêter sur les signes cachés d’une présence mémorielle; symbolique où surgit la vision poétique : des lettres, des mots, qui dévoilent la métaphore du souvenir, à peine visible, un ça-a-été. Une individuation que l’on retrouve à travers les peintures de Mathias Bensimon, pour qui la lumière a une matérialité propre, une consistance. Il fait d’elle l’architecte, le démiurge, qui, par le mouvement, donne vie aux différentes teintes qui dansent sous les yeux du spectateur. Cette multitude de caractères individués donne à ses oeuvres la libre interprétation de leur poésie, ce qu’il nomme “l’espace” ; relation intime entre la subjectivité du sujet regardant et celle de l’objet regardé. Deux artistes singuliers sont ici présentés par Ghost galerie. Deux artistes qui, au regard de l’art urbain du graffiti et du post-graffiti, épousent une approche, sinon similaire, du moins concomitante d’une nécessité de l’abandon de la structure formelle et conceptuelle, et ce, dans un désir accru d’éveiller la sensibilité subjective du spectateur. Léon Vuillecard
Que dit le titre EPODE sur votre travail et votre façon de peindre ? Que signifie-t-il pour vous ? Dans mes oeuvres il y a une coexistence de deux mondes séparés, rendus visibles en un seul : le monde rationnel et le monde poétique. Ce que l’on y voit sont des réinterprétations abstraites nostalgiques de mes propres souvenirs, réinterprétations qui se résolvent en deux étapes. La première est l’étape rationnelle, où je réinterprète mes souvenirs en dessinant librement ce que le moment que je fais revivre me suggère. La seconde est l’étape poétique, dans laquelle les symboles créés pendant l’étape « rationnelle » sont recouverts d’une couche de peinture. En ajoutant la peinture librement, je ne sais pas ce qui sera visible ou non une fois qu’elle aura séché. C’est une métaphore de ce qui reste visible de ce souvenir maintenant en moi, car certains éléments du souvenir ont été effacés, comme dans la peinture. Les deux étapes, ou en d’autres termes, les deux mondes (poétique et rationnel) coexistent et travaillent ensemble pour créer une pièce finale, une chanson, qui mènent à un monde nouveau ; tout comme dans un Epode où deux vers inégaux forment le couplet lyrique final. Ana Monsó
Que dit le titre EPODE sur votre travail et votre façon de peindre ? Que signifie-t-il pour vous ? Pour évoquer ce que le mot épode à fait naître en moi, je citerais Horace : « Mais moi, pour qui la vie n’a de charme que toi vivant, sinon insupportable ? Tu me dis de poursuivre dans mon loisir. Le ferai-je ? Il n’est doux qu’avec toi. » Afin de provoquer une réflexion existentielle, je souhaiterais aborder la question : Par quoi est-on animé ? L’énigme de la création a toujours été sublimée par une dichotomie existentielle, équilibre subtil entre évanescence et intemporalité. C’est en effet que notre perception du monde se fonde sur trois éléments constitutifs, la matière, l’énergie et la connaissance (l’information). Ainsi, une création artistique se trouve elle-même teintée de ces principes, en incorporant la matière, issue de notre quotidien, l’énergie, incarnée par le geste, le mouvement et l’action, ainsi que l’intelligence affective ou sensorielle, la tonalité émotionnelle qui émane de l’oeuvre et l’expérience qu’elle suscite. S’apparentant à une nécessité fondamentale pour l’être humain, elle est pourtant dépourvue de toute utilité pratique, portant en elle-même ce paradoxe qui fait d’elle à la fois une manifestation spirituelle (de l’esprit) et physique (en matière) en induisant une expérience sensible. Mathias Bensimon