remplir ses black books, peaufinant chaque trait et chaque couleur avec une précision obsessionnelle. Dans les années 70, il commence à marquer les rues de New York sous différents pseudonymes (BUS 129, MR WHITE, PRE, POSE, ROLL, 2 MANY, ASIA), avant d’adopter définitivement le nom de DONDI. En 1977, il rejoint le crew TOP (The Odd Partners), puis fonde son propre collectif, CIA (Crazy Inside Artists), concentrant son travail sur la ligne 2 du métro, où il recouvre des dizaines de wagons de ses lettrages et dessins. C’est en 1983 que ses parents découvrent ses activités de tagueur, en le voyant interviewé à la télévision.
Le talent de Dondi résidait dans sa maîtrise des lettres, qu’il déclinait dans une variété de styles, passant du complexe Wild Style à des inscriptions claires et lisibles, enrichies de figures et de symboles. Ses œuvres, souvent traversées par des références personnelles – souvenirs d’enfance ou clins d’œil à des artistes classiques comme Léonard de Vinci – portaient également des messages profonds, traduisant ses peurs et aspirations. À chaque création, il cherchait la perfection. Ce style, à la fois unique et sincère, lui a rapidement valu l’admiration de ses pairs, qui le considéraient comme un « roi du style » et un maître de la calligraphie urbaine.
Dondi a inspiré toute une génération d’artistes, donnant naissance au « DONDISM » et devenant pour beaucoup le Style Master General, un titre immortalisé dans une monographie par Michael White et Zephyr. Telle une figure chevaleresque moderne, il brandissait sa bombe de peinture comme un étendard de liberté, parcourant le monde pour marquer son époque en tant que symbole de rébellion et de créativité.
Au tournant des années 80, alors que le graffiti devient un phénomène culturel prisé à New York, Dondi commence à transposer son art sur toile, adoptant une démarche professionnelle. En 1980, il participe au projet Esses Studio, sous la direction de Futura et Zephyr, collaborant avec d’autres graffeurs pour inscrire leur art dans un cadre plus pérenne. Ce projet marque un tournant, rassemblant des artistes de rue et consolidant leur place au sein du mouvement artistique contemporain. Pionnier dans son approche, Dondi est l’un des premiers graffeurs à exposer en galerie, transformant le graffiti d’un acte illégal en une expression artistique légitime. Son passage des trains aux toiles est salué par conservateurs, critiques et collectionneurs, qui y voient l’émergence d’une énergie créative inscrivant le graffiti dans l’Histoire de l’Art. Considérant ses toiles comme des miniatures de ses fresques murales, Dondi poursuit sans relâche sa quête de perfection. En 1981, il participe à l’exposition emblématique New York/New Wave au P.S.1, aux côtés de treize autres graffeurs, dont Fab Five Freddy, Futura, Zephyr, Lee, Jean-Michel Basquiat (alias Samo) et Lady Pink. L’événement consacre ces artistes comme figures majeures de la scène artistique contemporaine. Dans les années qui suivent, Dondi continue d’élargir son influence en rejoignant The Soul Artists et en contribuant à l’émergence de l’East Village comme épicentre de l’avant-garde artistique. Il expose à la Fun Gallery de Patti Astor, où il côtoie des légendes telles que Keith Haring et Jean-Michel Basquiat, consolidant son statut de visionnaire et de figure incontournable du graffiti et de l’art contemporain.