GHOST GALERIE

EPODE

7 avril > 13 mai 2023

Ana Monsó
Mathias Bensimon

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GHOST PROJECT PART I

GHOST GALERIE PARIS

GHOST PROJECT EST UN PROGRAMME D’EXPOSITION DÉDIÉ À LA MISE EN LUMIÈRE DE LA SCÈNE ARTISTIQUE CONTEMPORAINE ÉMERGENTE.


EPODE conjugue l’art du post-graffiti avec la dualité d’un diptyque poétique ; un chant des arts éphémère, un miroir, où l’ombre se transforme en lumière, et où l’empreinte se fait la marque de l’intime. Deux mondes, deux temps, moirent ici l’imaginaire d’Ana Monsó et de Mathias Bensimon; et interpellent le regard du spectateur. EPODE se fait alors réponse, fragmentaire, où l’espace d’exposition devient une tangibilia, un objet sensible, le prisme à travers lequel se meut la substantifique lumière de l’oeuvre. C’est là que se déploie la poétique d’Ana Monsó et de Mathias Bensimon. Ils interrogent les variations de l’oeuvre, et la relation qu’elle entretient avec l’espace et la lumière ; entités consubstantielles de l’objet art. Au sein de cette exposition, les toiles présentées par Ana Monsó obligent à questionner le message de l’oeuvre, à y chercher le singulier, la nuance ; comme le regard solitaire qui balaie la vie urbaine, Ana oblige celui du spectateur à prendre le temps, à s’arrêter sur les signes cachés d’une présence mémorielle; symbolique où surgit la vision poétique : des lettres, des mots, qui dévoilent la métaphore du souvenir, à peine visible, un ça-a-été.

Que dit le titre EPODE sur votre travail et votre façon de peindre ? Que signifie-t-il pour vous?

Dans mes oeuvres il y a une coexistence de deux mondes séparés, rendus visibles en un seul : le monde rationnel et le monde poétique. Ce que l’on y voit sont des réinterprétations abstraites nostalgiques de mes propres souvenirs, réinterprétations qui se résolvent en deux étapes. La première est l’étape rationnelle, où je réinterprète mes souvenirs en dessinant librement ce que le moment que je fais revivre me suggère. La seconde est l’étape poétique, dans laquelle les symboles créés pendant l’étape « rationnelle » sont recouverts d’une couche de peinture. En ajoutant la peinture librement, je ne sais pas ce qui sera visible ou non une fois qu’elle aura séché. C’est une métaphore de ce qui reste visible de ce souvenir maintenant en moi, car certains éléments du souvenir ont été effacés, comme dans la peinture. Les deux étapes, ou en d’autres termes, les deux mondes (poétique et rationnel) coexistent et travaillent ensemble pour créer une pièce finale, une chanson, qui mènent à un monde nouveau ; tout comme dans un Epode où deux vers inégaux forment le couplet lyrique final.

Ana Monsó

 

Que dit le titre EPODE sur votre travail et votre façon de peindre ? Que signifie-t-il pour vous ?

Pour évoquer ce que le mot épode à fait naître en moi, je citerais Horace : « Mais moi, pour qui la vie n’a de charme que toi vivant, sinon insupportable ? Tu me dis de poursuivre dans mon loisir. Le ferai-je ? Il n’est doux qu’avec toi. » Afin de provoquer une réflexion existentielle, je souhaiterais aborder la question : Par quoi est-on animé ? L’énigme de la création a toujours été sublimée par une dichotomie existentielle, équilibre subtil entre évanescence et intemporalité. C’est en effet que notre perception du monde se fonde sur trois éléments constitutifs, la matière, l’énergie et la connaissance (l’information). Ainsi, une création artistique se trouve elle-même teintée de ces principes, en incorporant la matière, issue de notre quotidien, l’énergie, incarnée par le geste, le mouvement et l’action, ainsi que l’intelligence affective ou sensorielle, la tonalité émotionnelle qui émane de l’oeuvre et l’expérience qu’elle suscite. S’apparentant à une nécessité fondamentale pour l’être humain, elle est pourtant dépourvue de toute utilité pratique, portant en elle-même ce paradoxe qui fait d’elle à la fois une manifestation spirituelle (de l’esprit) et physique (en matière) en induisant une expérience sensible.

Mathias Bensimon

 

Ana Monsó

Né en 1998 à Barcelone, Espagne

Etudiant à Cambridge (Art and Design) puis à Londres (Fashion Design at the University of the Arts), Ana Monsó se définit comme une artiste multidisciplinaire. Sa pratique artistique véhicule un esprit spontané s’inspirant de ses souvenirs d’enfance. « Quand je serai grande, je veux redevenir un enfant. » Elle est actuellement l’une des artistes résidentes du programme d’art contemporain Piramidón à Barcelone aux côtés d’une vingtaine d’autres artistes et vient d’être sélectionnée pour intégrer la Royal Academy of Art de Londres à la rentrée 2023.

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Mathias Bensimon

Mathias Bensimon

Né en 1996 à Paris, France

Diplômé des Beaux-Arts de Paris en 2022, Mathias Bensimon est un artiste français, plasticien, performeur et danseur. Durant sa formation, il intègre l’atelier d’Ann Veronica Janssens, célèbre plasticienne belge qui a beaucoup questionné les effets de transparences et de lumières et avec qui il a pu étudier le rapport entre l’expérimentation et les perceptions. Mathias exposera au Musée d’Orsay en mars prochain dans le cadre de l’exposition « Pastels, de Millet à Redon” du 14 mars au 2 juillet. En octobre 2022, il participe à l’exposition organisée par Lawrence Van Hagen « California Light & Space & Beyond » chez Paulin à Paris. Depuis 2019, il a également collaboré avec le Musée du Grand Palais à Paris dans le cadre de l’EuroFabrique, le Museu Arqueologico do Carmo, le Museum of Fine arts, le Ho Chi Minh City, le Temple de Hesadera, le Tokyo Musashino museum ainsi qu’avec le Château de la Colle Noire où il participe au prix Dior.

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QUAND JE SERAI « GRANDE », JE VEUX REDEVENIR UN ENFANT

Je centre mon travail sur l’auto-réflexion des moments sacrés de ma vie. Puisant dans mes souvenirs d’enfance, je crée librement, permettant à l’oeuvre finale d’être une fusion de mes inspirations. Mon travail est une ode à l’innocence enfantine latente. J’essaie de réinterpréter le monde sans règles et sans limites, comme le ferait un enfant avant que le jugement social et les normes établies ne lui soient imposées. 

Ana Monsó

 

STATEMENT

Dans le champ de ma pratique, la lumière constitue le coeur de mon travail. La lumière en tant que médium et substance, mais aussi la lumière en tant qu’intelligence révélatrice. Tel un témoignage des différentes manifestations du réel, la lumière peut nous apparaître sous une multitude de formes et de réflexion. Elle pose alors la question du visible et de l’invisible. Comment rendre visible l’invisible ? Comment toucher la source immatérielle en passant par la matière ? 

Mathias Bensimon

 

REMINISCENCE

7 avril > 13 mai 2023

Clémence Appie Gbonon
Hakim Sahiri
Félix Taburet & Hannah Becquante
Djabril Boukhenaïssi

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GHOST PROJECT PART II

GHOST GALERIE PARIS

GHOST PROJECT EST UN PROGRAMME D’EXPOSITION DÉDIÉ À LA MISE EN LUMIÈRE DE LA SCÈNE ARTISTIQUE CONTEMPORAINE ÉMERGENTE. 

Le génie de l’artiste est de rendre vraisemblable les fantômes, d’offrir une vision recomposée, transposée par la plaque sensible de la mémoire, et révélées par l’oeuvre. Dès que le regard se pose, l’espace se crée, et le dialogue entre le visiteur et l’exposition commence : Reminiscence offre un voyage, une déambulation dans l’intime à travers l’imaginaire et la réalité, entre l’obscurité de la nuit et la sensible lueur du jour, aveuglante et suspendue ; entre la conscience tardive des rêves, et leur évanescence, sitôt que leurs fantômes sont révélées. « Le seul véritable voyage, le seul bain de Jouvence, ce ne serait pas d’aller vers de nouveaux paysages, mais d’avoir d’autres yeux, de voir l’univers avec les yeux d’un autre, de cent autres, de voir les cents univers que chacun d’eux voit, que chacun d’eux est. » Marcel Proust, La Prisonnière

QUE VOUS EVOQUE REMINISCENCE ?

Du crépuscule à l’aurore, Réminiscence trace le chemin emprunté par Felix, Hannah, Hakim, Clémence et Djabril. Cette conjoncture invoque un retour à l’esprit par des images, des sensations, des émotions, laissant par la matière une trace inaltérable dans le réel. Augustin Rothea

Proust, bien sûr, mais aussi Bergson et Bachelard, qui sont les auteurs qui m’occupent beaucoup en ce moment. La réminiscence est liée à la perte, à la reconstruction, car tout souvenir est le produit d’un assemblage et d’un modelage du passé. C’est à partir de ce mot que j’essaie de travailler, de comprendre ce qui se produit et de construire un tableau à partir de ce qu’on tire de ces expériences phénoménologiques. Il faut citer les belles lignes de Delacroix sur cette question: En réfléchissant sur la fraîcheur des souvenirs, sur la couleur enchantée qu’ils revêtent dans un passé lointain, j’admirais ce travail involontaire de l’âme qui écarte et supprime, dans le ressouvenir de moments agréables, tout ce qui en diminuait le charme, au moment où on les traversait. Je comparais cette espèce d’idéalisation, car c’en est une, à l’effet des beaux ouvrages de l’imagination. Il y a des matériaux qui peuvent nous aider à travailler sur ces questions, et je suis persuadé que le pastel en est un. C’est en partie l’enjeu des tableaux que je présente à Ghost, qui sont des tentatives formelles qui cherchent à évoquer ces notions. 

Djabril Boukhenaïssi

Essayer de comprendre comment les gens se comportent en société, en passant par le langage du corps où, paradoxalement, il donne une part de l’intime dans l’espace public ; c’est ce qui me plait. 

Hakim Sahiri

Entre l’image insituable d’une existence antérieure et le souvenir qui nous prend à notre insu pour nous ramener à un certain point de notre vie, le terme de réminiscence ne choisit pas. Reste l’hésitation qui, d’un bord à l’autre de ce mot, maintient l’expression béante entre ses deux rives. Nous ne voulons pas plus parier sur l’une que sur l’autre, jugeant que c’est l’état d’indécision même qu’il faut garder ouvert, pourvu que d’ici la mémoire se ruine par ses marges, efface ses contours, s’indifférencie par osmose entre nous. 

Félix Taburet et Hannah Becquante

 

La réminiscence, qui semble être au carrefour de nos quatre pratiques, m’évoque une forme de pouvoir : les sensations puissantes, intimes et individuelles sont aussi un lieu de résistance car elles nous sont propres, elles nous appartiennent. Pour moi, le recours au souvenir et au rêve permet de complexifier l’identité du sujet en peinture. 

Clémence Gbonon

Dans le cadre du programme d’exposition Ghost project, lié à la jeune scène artistique contemporaine, Ghost galerie Paris présente pour son deuxième accrochage, un group show d’artistes français. Réminiscence explore le travail de cinq artistes aux univers distincts et irisés. Perpétuellement à la recherche de nouveaux médiums, ils mêlent l’énigmatique au spirituel ; et, muant le souffle du sommeil en souffle de vie, ils font de leur art l’écho chatoyant de leur cri.
Dès lors, nous devons nous demander : Devons-nous toujours faire revenir le matin ? Car en achevant cette traversée nocturne, nous ne pouvons qu’interroger ces fantasmagories qui hantent le fil de nos pensées. Quelles sont ces figures, à peine reconnaissables ? Réminiscences mémorielles, fantasmes de l’imaginaire, images photographiques ? Certainement toutes à la fois, mais sûrement art, projection onirique transcendée par le papier, la toile, ou la pierre. Et s’opposant constamment au réel, elles sont l’évidence absurde du monde ; le rêve et la vie, et la vie mise en rêve ; échos sempiternels, mouvements de toutes choses. Et la nuit n’en est que le chemin, ou la route, ou le gué. Léon Vuillecard

Félix Taburet & Hannah Becquante

La nuit est un voyage qu’Hannah Becquante et Félix Taburet nous font traverser. A entendre son nom, “La Nuit”, tous deux s’émerveillent : c’est le murmure du jour qui s’efface, livrant avec lui son absence. Dans cette poétique – une mosaïque effritée, des mains amputées, une tête sans corps – partout règne le vide, des paysages aux espaces nocturnes, figés, immobiles et silencieux, ou qui ne le sont pas ; car Félix et Hannah mettent en garde : ne figez pas une nature, ne scellez pas une image, mais laissez vous duper, car ce ne sont que des fantômes.

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Clémence Appie Gbonon

C’est ce même rêve qui attire chez Clémence Gbonon ; état consubstantiel à son oeuvre. Elle tente d’oublier le conscient pour permettre aux images qui s’écoulent de prendre forme. De là, naît le torse masculin, symbole d’une masculinité vulnérable. Une forme figure, réceptacle d’une multitude de projections, mais avant tout une figure de peinture, puissante, tactile et sensuelle. Un onirisme qui se condense dans l’ultime souvenir de la toile ; un mystère, qui se matérialise en scènes énigmatiques, et qui impose un au-delà à l’oeuvre : la figure naissante de l’incomplétude de l’être.

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Djabril Boukhenaïssi

Alors, Djabril Boukhenaïssi offre la tentation du souvenir, son heuristique, emportant avec lui le ressac des images qui l’accompagnent. Là, devant ces toiles effacées se dévoile le mémoriel ; va-et-vient incessants de fantômes à demi-peint. Il module sur la réminiscence des souvenirs et l’essence fragile de la mémoire ; ce ne sont que des pensées. Mais le sont-elles réellement ? Est-ce la mythologie perpétuelle de l’être qui existe en chacun ? Qui se crée, se déforme et s’efface, pour tout recommencer. Les tableaux de Djabril sont comme des réédifications qui s’éveillent et meurent à chaque instant. Mais Djabril interroge toujours : Que reste t-il de nos souvenirs ? “L’idée de la disparition de la nuit m’a toujours fasciné. Dans le monde réel, la nuit périclite peu à peu et, périclitant avec elle, l’objet métaphorique de la nuit finira inexorablement par s’effacer lui aussi, jusqu’à disparaître.”

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Hakim Sahiri

A l’heure de la nuit glissent les navires en sommeil. Hakim Sahiri, par son regard, capture des sujets transis. C’est l’inemuri qui les accompagne. L’inemuri, c’est cet état de dormance qui n’est que parce que l’un s’abandonne, et que l’autre s’interroge. Il y a alors dialogue, entre celui qui observe, curieux, et le sommeil de l’abandonné, quintessence de l’intime. Hakim offre alors une contemplation poétique des corps endormis, ou plutôt, la vulnérabilité de l’être qui s’offre tout entier, à l’inexorable indifférence du monde – à quoi rêve-t-il ?

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