PHASE. 2, esprit audacieux et pionnier du hip-hop, a laissé son empreinte sur l’art, la mode, la musique, la danse, des actes créatifs devenant éclats de rébellion et source d’avant-gardisme. D’un geste novateur, il a semé les premières graines d’une culture urbaine qui, née dans les rues de New York, s’est propagée comme un souffle autour du monde.
Dans cette ville où les premiers writers dessinaient leur langage sur les flancs métalliques des wagons, PHASE. 2 imposait sa marque. Son lettrage, sauvage, vibrant, peuplé de boucles, de flèches et de courbes nerveuses, dansait sur les murs. En 1972, il crée la lettre « softie », douce et ronde, qui allait devenir l’emblème des premières fresques du métro. À ce geste, il ajoute des torsions, des signes et des traits discrets, un murmure graphique qui s’étendait de rue en rue jusqu’à inspirer le monde entier, et devenait peu à peu le langage universel du graffiti.
Quand le rap fait ses débuts, PHASE. 2 est déjà là, silhouette mobile aux park jams, dans les clubs. Son style, comme un chant fluide, semble répondre aux lignes qui parcourent ses œuvres. Leader du groupe Electrified Movement, il insuffle au B-boying un esprit de défi et de liberté, formant avec les New York City Breakers une troupe de corps indomptés qui feront vibrer la scène mondiale.
Dans ses flyers, simples invitations devenues œuvres sous sa main, PHASE. 2 compose avec audace : des bordures épaisses de marqueurs croisent des lignes fines d’encre, des formes géométriques et des typographies syncopées se répondent, dansent ensemble. Chaque flyer devient une image vive, reflet d’une jeunesse avide de liberté. Dans ses collages, silhouettes furtives et slogans percutants, il capte l’âme de cette culture en ébullition.
Avec IGTimes, il s’engage sur une décennie dans un rôle de témoin et de chroniqueur, sculptant chaque texte comme un graffiti pressé de dire. En 1996, il publie Style: Writing from the Underground, une confession, une esquisse intime de ce monde souterrain. PHASE. 2, plus qu’un artiste, devient le bâtisseur d’un langage, un conteur de la ville.
« Les toiles de Phase 2 datant de 1973 sont « largement reconnues comme ayant défini le genre naissant. » Une grande partie de son travail consistait à « déconstruire la lettre », transformant les caractères de l’alphabet en « lignes dures, troisièmes yeux, cornes, forets, pointes, pharaons égyptiens et chiens, en formes géométriques pures. » — Jeff Chang
« Le tagging offrait aux adolescents urbains défavorisés « le seul moyen significatif de représenter leur existence. » — Phase 2
« Phase 2 a toujours préféré le terme style writing à celui de graffiti, car la plupart des gens utilisaient ce mot pour englober toute la forme publique d’art qui émergeait lentement dans le monde entier depuis les métros de New York. En raison des connotations négatives du mot graffiti, qui vient de l’italien graffiari, signifiant gribouiller ou gratter, Phase 2 rejetait fermement ce terme et désignait son art comme writing ou style writing. » — Jean Gallard
« Phase 2 était un bon ami et une personne généreuse, profondément attachée aux autres et à la culture (hip-hop, aérosol/graffiti) dont il était en grande partie responsable de la création. Il a passé beaucoup de temps à éduquer des personnes comme moi, désireuses d’en apprendre davantage sur la culture hip-hop, au début des années 1980. Il nous manquera énormément, » note Michael Holman à propos de son collègue. Ensemble, ils ont formé le groupe de breakdance pionnier, les New York City Breakers. — Michael Holman