DELTA 2, né dans l’effervescence artistique de Spanish Harlem, découvre à onze ans les œuvres de BAN 2, LEE et BLADE, ces fresques vibrantes qui défilent dans le métro new-yorkais comme des promesses colorées. Fasciné, il s’empare de sa première bombe de peinture, une pulsion irrésistible qui le pousse à inscrire son nom dans l’espace public, sans appartenir à aucun crew. Les rues de New York deviennent alors ses terrains d’expression, où il développe son style unique de « bubble letters » dans l’ombre de grands noms.
Le parcours de DELTA n’est pas sans embûches. D’un tempérament indépendant, il rencontre plus de portes fermées que de bras ouverts, essuyant refus après refus. Mais ces obstacles aiguisent sa détermination. Avec MACK, il impose son style sur la ligne 6, puis se tourne vers les fresques extérieures, des espaces qui lui offrent plus de liberté et de respect. Aux côtés de SHARP, il explore ces « outsides » et s’y affirme comme un artiste libre et audacieux.
C’est au Metropolitan Museum, lors d’une visite marquée par le mystère des civilisations anciennes, qu’il trouve son nom. Le delta égyptien, terre symbolique où se croisent les mythes d’Isis et d’Osiris, résonne en lui comme un écho de son identité. Associé à la 102e rue de son enfance, ce nom devient son emblème.
À l’ombre des fresques et des toiles, DELTA se réinvente. En 1984, il expose en galerie, porté par ERO, et devient l’un des premiers graffeurs à rayonner à l’international. Son style évolue vers un néo-modernisme où il fusionne influences spirituelles et géométriques, perfectionnant son art du trait au stylo, avec une précision quasi divine, avant de se tourner vers la peinture à l’huile pour une dimension plus profonde.
Cette transition vers le monde de l’art conventionnel ne le détourne pourtant pas de ses racines. Dans chaque ligne, chaque motif, il célèbre l’héritage des premiers writers, tout en se distinguant par une œuvre minutieusement détaillée et empreinte d’un souci de perfection. Pour DELTA, l’art urbain n’est pas une imitation mais un langage spontané, forgé dans la rue, destiné à vivre au-delà des murs.
« Dès mes onze ans, en prenant le métro pour aller voir ma grand-mère, j’ai commencé à voir ces wagons entiers peints par des gars comme LEE et BLADE. Je me disais : ‘Je peux faire ça.’ À l’époque, je dessinais beaucoup, des super-héros, des personnages de BD, et puis j’ai commencé à créer mes propres lettres en style bubble, tout seul, sans crew, juste moi ». – Delta 2
« En 1984, j’ai commencé à peindre avec ERO, déjà lié à la Fun Gallery, qui nous a introduits à la galerie La Placa. En un mois, j’avais un passeport, un billet d’avion pour Vienne, et j’étais en Europe. » – Delta 2