GHOST GALERIE

DON LEICHT

Américain
1946-2021
Don Leicht, créateur aux multiples facettes, a façonné sa carrière en portant un regard acéré sur les transformations de la société urbaine contemporaine. Actif pendant plus de quarante ans, il s’est imposé comme une figure centrale de la scène artistique underground new-yorkaise des années 1970. Il n’a pas simplement transgressé les frontières de l’art traditionnel, mais a il investi les espaces publics avec des œuvres qui incarnent une critique sociale aiguisée. Sa collaboration avec l’artiste John Fekner, débutée en 1976, marque le point de départ d’une série d’installations et d’œuvres à l’acier et à l’aluminium qui questionnent notre rapport aux technologies, à l’urbanisation à la modernité galopante. En 1980, lors de la Convention du peuple dans le South Bronx, Leicht et Fekner présentent une œuvre collective d’une grande force visuelle. Fekner utilise des pochoirs aux messages percutants (« Decay », « Broken Promises », « Save Our School »), tandis que Leicht installe des « Birdfeeders » destinés aux enfants du quartier. Cette initiative, conçue pour dénoncer les promesses non tenues des autorités et la dégradation des quartiers défavorisés, se déroule dans un contexte de désillusion politique, alors que Ronald Reagan visite ce même quartier pour promettre des réformes, rappelant les promesses similaires de Jimmy Carter quelques années auparavant. Les œuvres de Leicht et Fekner mettent ainsi en évidence l’écart entre les paroles politiques et la réalité vécue par les habitants du Bronx. Le travail de Leicht prend une autre dimension dans sa série inspirée des jeux d’arcade emblématiques comme Pac-Man et Donkey Kong. En 1983, Glenn O’Brien, dans une critique pour Artforum, analyse ces figures découpées dans de l’aluminium épais et émaillées de couleurs vives, altérées et abrasées pour évoquer l’érosion d’une société absorbée par la technologie de masse. La surface usée de chaque figure, portant des marques d’usure comme les graffiti des cabines téléphoniques, devient un symbole visuel de l’impact des médias et des divertissements populaires sur la société urbaine. Cet effet d’abrasion, révélant le métal brut sous l’émail, constitue une métaphore des failles de la modernité. Aujourd’hui, ses œuvres et installations demeurent un témoignage d’une époque marquée par l’essor des technologies et des questionnements existentiels. Elles continuent de susciter une réflexion sur le rôle de l’art public et sur la puissance de l’esthétique urbaine comme moyen de résistance culturelle.
« Your Space Has Been Invaded-Our Children are Fighting a Terrible War. » Don Leicht
Fekner, John (1979). Stencil Projects 1978–1979, Lund & New York. Lund, Sweden: Edition Sellem. ISBN 91-85260-14-2.
Fekner, John (1983). Beauty’s Only Screen Deep. NY, NY: Wedge Press, Inc. #10.
Fekner, John (1985). Cassette Gazette. Tokyo, Japan: B-Sellers. ISBN 4-938198-14-2.
Gumpert, Lynn, curator, New Work New York at the New Museum, Exhibition catalog essay, January 30 – March 25, 1982. p. 12–15
Howze, Russell, Stencil Nation: Graffiti, Community, and Art, Manic D Press, San Francisco, CA, 2008, ISBN 978-1-933149-22-6
Kahane, Lisa, Do Not Give Way to Evil, Photographs of the South Bronx, 1979–1987, powerHouse books, a Miss Rosen edition, Brooklyn, NY, 2008, ISBN 978-1-57687-432-5
Lippard, Lucy, Get The Message-A Decade of Social Change, Penguin Group (USA) Incorporated, 1985 ISBN 0525242562

EPOCHAL VISIONS: AN EXHAUSTIVE CHRONICLE OF WORKS BELONGING OR HAVING BELONGED TO THE GALLERY’S COLLECTIONS

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